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Davantage de pollinisateurs et plantes adventices dans les champs de céréales bio

Date de publication 12/10/2017

C'est la conclusion de 3 études scientifiques récentes qui montrent en premier lieu l’effondrement du nombre d’espèces d’adventices et de leur densité durant les 30 dernières années.

La majorité des plantes adventices sont annuelles et autogames, donc ne dépendent pas des insectes pollinisateurs pour leur reproduction. Alors que la majorité (47% en Allemagne) des plantes adventices rares (messicoles) sont pollinisées par les insectes (abeilles sauvages, abeilles domestiques, bourdons, mouches, papillons).

L'étude menée en Allemagne par Gabriel & Tscharntke (2007)1 de l'université de Göttingen a permis de comparer 20 parcelles de blé cultivées en bio et 20 autres en conventionnel. 87 espèces de plantes adventices ont été identifiées (85 en bio versus 56 en conventionnel). Parmi ces espèces, 36 étaient des espèces entomophiles (41%) dont 34 se trouvaient dans des parcelles en bio versus 21 dans les parcelles en conventionnel.

Les parcelles de blé cultivées en bio ont donc un pool d'espèces plus important (en moyenne 6 dans le centre des parcelles bio contre 2 dans les parcelles en conventionnel) et un taux d'occupation (mesuré fin mai) des espèces entomophiles 10 fois supérieur aux champs conventionnels (3% contre 0,3%).

L'absence d'utilisation de pesticides est certainement une raison de cette forte présence de plantes entomophiles dans les champs cultivés en bio. D'autres recherches ont d'ailleurs montré que la densité d'abeilles était 7 fois plus importante dans les parcelles de blé bio. Cette étude a aussi montré l'intérêt des bordures de champs qui contiennent aussi bien en bio qu'en conventionnel beaucoup d'espèces d'adventices et constituent donc des zones refuges pour les pollinisateurs.

L'étude menée par le CNRS de Chizé dans la plaine et le Val de Sèvre en Poitou Charentes sur 465 parcelles de blé confirme les résultats précédents. Les parcelles de blé cultivées en bio contiennent 50 % d'espèces d'adventices en plus au cœur de celles-ci.2

Au total 175 espèces ont été détectées dont seulement 28 communes (présentes dans au moins 25 % des parcelles) et 104 peu fréquentes (présentes dans seulement 5 % des parcelles).

Les champs de blé bio hébergent plus de plantes entomophiles, plus d'espèces menacées ou rares et peu d'espèces nitrophiles comparés aux champs conventionnels qui ont peu d'espèces à longues feuilles (dû à l'utilisation d'herbicides à  base d’auxine) et peu d'espèces résistantes aux herbicides en particulier les graminées.

Mais cette étude a surtout montré que plus la proportion de surfaces cultivées en bio augmente, plus le nombre d'espèces d'adventices observées dans les parcelles bios et conventionnelles augmente. Le stock de graines dans le sol ne pouvant expliquer à lui seul cette croissance d'espèces dans les champs conventionnels, il faut émettre l'hypothèse d'un flux de graines entre les parcelles (notamment bio vers conventionnel).

La présence de parcelles cultivées en bio et les bordures de parcelles constituent donc des zones refuges pour les pollinisateurs en leur offrant une ressource (pollen et nectar des plantes entomophiles) et contribuent ainsi au service de pollinisation des cultures pollinisées par les insectes (notamment le colza et le tournesol) et au maintien des espèces sauvages dont certaines devenues tellement rares (messicoles) qu'elles font l'objet d'un plan national d'action messicole.

La troisième étude menée par l'université de Barcelone vient confirmer le fort déclin des adventices du fait de l'intensification des pratiques agricoles et particulièrement des plantes rares, des plantes messicoles et des plantes entomophiles en Catalogne3 Mais ce déclin est beaucoup moins important dans les parcelles en agriculture biologique.

Ces résultats sont basés sur l'analyse de 458 relevés floristiques menés entre 1953 et 2007. 346 espèces ont été observées. Le nombre d'espèces observées en moyenne par parcelle de céréales (blé, orge, avoine et seigle) est passé de 14,6 espèces pour la période 1953-1988 à 9,1 espèces pour la période 2005-2007 dans les champs conventionnels et à 14,6 espèces dans les champs biologiques. La baisse de la richesse spécifique est donc de 47 % et celle de l'abondance de 69 %.

Le nombre d'espèces rares est passé de 4,3 à 0,2 (1 en bio) et le nombre d'espèces messicoles de 6,5 à 0,9 (2,3 en bio). La baisse du nombre d'espèces entomophile est de 69 % et celle de leur abondance de 86 %, bien supérieure à la tendance générale.

Ce sont les espèces dicotylédones qui ont le plus reculé notamment de la famille des Papaveraceae, Fabaceae, Brassicaceae et Caprifoliacées.

Aujourd'hui, les graminées (Avena sterilis, Bromus diandrus, bromus sterilis, Lolium rigidum) sont la famille la plus représentée dans les champs conventionnels (plus de 50 %) contre 16 % lors de la période de 1953-1988 et 14 % dans les parcelles bio.

Cette évolution conduit à la réduction du service de pollinisation et de lutte biologique (moindre ressource en nectar notamment) mais impacte également les espèces d'oiseaux granivores qui consomment les graines d'adventices.

Références

1 Insect pollinated plants benefit from organic farming. Agriculture, Ecosystems & Environment 118: 43-48., Gabriel D & Tscharntke T, 2007., http://www.sciencedirect.com/[...]
2 Organic fields sustain weed metacommunity dynamicsin farmland landscapes. Proc Biol Sci 282: 20150002., Henckel L, Börger L, Meiss H, Gaba S & Bretagnolle V, 2015., http://rspb.royalsocietypublishing.org/[...]
3 Arable weed decline in Northeast Spain: does organic farming recover functional biodiversity?, Chamorro L, Masalles RM & Sans FX, 2016., http://www.sciencedirect.com/[...]

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