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Mise en oeuvre de la lutte biologique par gestion et conservation des habitats au Gaec de l'Arbre Acadabra

- Approche Top-down : (Action qui favorise l'auxiliaire)

Régulation descendante, qui vise à favoriser les ennemis naturels des ravageurs par la mise en place d’infrastructures agroécologiques dans le but de diversifier leurs habitats et les ressources disponibles.

 

 

 

 

  • Maintien et gestion des haies multi-espèces
Frédéric et Muriel entretiennent les haies implantées par leurs prédécesseurs il y environ une trentaine d’années. Elles bordent le cours d’eau qui longe le bas de la ferme et séparent les parcelles. Elles ont notamment un rôle de corridor écologique et offrent refuge et ressources aux auxiliaires. Ces haies sont composées d’essences naturelles ou ornementales : noisetiers, arbre de judée, merisier, cytise, laurier thym, pruniers sauvages…  

Le Rallic-Maho O, Solagro. Agencement des vergers et parcelles maraîchères logique par rapport à la topographie (GAEC de l'Arbre Acadabra, à Labarthe (82)).

 

ZOOM : EXEMPLE CONCRET DE RÉGULATION NATURELLE

Frédéric et Muriel profite de leur tour hebdomadaire d’observation de l’état sanitaire et de l’avancée des cultures pour observer les auxiliaires présents sur les parcelles. En terme de biodiversité fonctionnelle, la ferme de l’Arbre Acadabra offre refuge et ressources alimentaires à divers ennemis naturels, parmi eux des syrphes et des coccinelles, mais aussi des oiseaux, qui contribuent à réguler certains ravageurs tels le carpocapse ou les pucerons. Les pollinisateurs sont également présents : abeilles et papillons répondent à l’appel.

 

  • Mise en place de mares et nichoirs
Ils ont également installé quelques nichoirs à mésanges dans les vergers, et aménagé des mares pour les oies, qui contribuent à diversifier davantage les habitats semi-naturels. Amphibiens, insectes divers, rapaces, guêpiers d’Europe, renards (qui leur posent parfois des problèmes pour introduire la volaille), orchidées, morilles… habitent les haies, les mares, et les alentours de la ferme.

Le Rallic-Maho O, Solagro. Nichoir à mésanges dans le verger (GAEC de l'Arbre Acadabra, à Labarthe (82)).

 

- Approche Botton-up : (Action qui défavorise le ravageur)

Régulation ascendante, induite par la modification des pratiques agricoles dans la parcelle et qui vise à défavoriser les ravageurs

 

  • Choix variétal et plantes compagnes

Pour un système équilibré et résilient, Frédéric et Muriel misent sur la diversité variétale, d’une part par le choix variétal :

  • choix de variétés non hybrides, qu’ils échangent entre amis et connaissances, produisent en partie, ou achètent à Biau Germe : elles nécessitent moins d’intrants, ont plus de goût, et sont pour Frédéric et Muriel un moyen de préserver la diversité des semences paysannes.
  • choix de variétés résistantes (pêchers résistants à la cloque, pommiers résistants à la tavelure et à l’oïdium)
  • greffons variés, provenant notamment de conservatoires.

 

Pour donner une idée de la diversité des productions et la diversité variétale, il faut savoir que Frédéric et Muriel cultivent environ 70 variétés de légumes, toutes sortes de fruits sauf kiwis et petits fruits (arrêt des fraises en 2017) : 4-5 variétés de cerisiers, autant d’abricotiers, une vingtaine de variétés de pêchers, des pêches de vigne, 6-7 variétés de vignes, 5-6 variétés de pruniers, autant de poiriers, une vingtaine de variétés de pommiers, des coings, nashis, amandiers, et bientôt des oliviers

 

D’autre part, ils mélangent aussi parfois les variétés entre elles :

  • mixité des variétés au sein des vergers, notamment une parcelle de 2 ha avec 4 variétés
  • mixité des variétés sur un même arbre (jusqu’à 3 variétés)
mixité au sein des planches de légumes, pour limiter les maladies et les ravageurs
 

Le Rallic-Maho O, Solagro. Association blette et fenouil pour limiter maladies et ravageurs (GAEC de l'Arbre Acadabra, à Labarthe (82)).

 

Ils ont également implanté quelques plantes compagnes sur les planches de légumes (souci, agastache, hysope, sarriette), qui attirent les insectes auxiliaires, les pollinisateurs, et dans certains cas favorisent le développement des plantes ou bien repoussent certains bioagresseurs…

Pour Frédéric et Muriel la diversification des productions et des variétés a de nombreux avantages :

  • elle limite la vulnérabilité des cultures aux maladies et aux ravageurs, par exemple par le choix de variétés rustiques ou résistantes, mais aussi par la pluri-spécificité des cultures qui agissent comme des barrières physique à la propagation des bio-agresseurs.
  • Elle a d’autres avantages, tels la préservation des variétés paysannes,
  • des variétés plus adaptées au contexte local,
  • ou encore assure une certaine stabilité économique grâce à la diversité des productions.

 

ZOOM : EXEMPLES DE CULTURES ASSOCIEES 

Frédéric et Muriel associent de nombreuses plantes entre elles :

  • Fenouil-mâche
  • Blette-chou rave
  • Pois-radis
  • Pommes de terres-carottes
  • Carotte-radis-coriandre-betteraves
  • Basilic-concombre
  • Chou rave-betterave-salade

 

  • Conduite des vergers

Frédéric et Muriel ont fait le choix de porte-greffes semi-vigoureux, qu’ils ont réalisés eux-mêmes, et qui sont moins vulnérables aux bioagresseurs. De par ce choix, il a été nécessaire pour Frédéric et Muriel d’adopter la taille en gobelet, avec une variante de la « taille douce ou longue ». Ce choix explique également la distance de plantation, relativement espacée, pour favoriser l’aération des branches et leur accès à la luminosité.

Par ailleurs, le broyage est réduit au maximum et réalisé le  plus tardivement possible pour ne pas impacter la faune auxiliaire et ainsi permettre la mise en place d’une régulation naturelle.

De même, lorsqu’ils ont dû faire recours au pyrèthre pour lutter contre l’hoplocampe dans les pommiers, ils ont veillé à appliquer le produit avant la floraison des arbres pour limiter son impact sur les pollinisateurs, et n’y ont eu recours que deux fois en onze ans.

La présence de trois ruches d’une amie apicultrice sur la ferme apporte une aide supplémentaire à la pollinisation, cependant l’apicultrice observe des problèmes de mortalité dans plusieurs de ses ruches installées, malgré le fait qu’elles soient installées sur des fermes conduites en agriculture biologique.

 

ZOOM : EXEMPLE CONCRET 

Frédéric et Muriel ont pu remarqué l’effet positif de la modification des pratiques agricoles par rapport à leurs prédécesseurs sur le verger de pommiers. En effet, à la reprise du vieux verger, ils héritent des problèmes de puceron lanigère de leurs prédécesseurs. En adoptant une taille plus douce, en cessant le travail du sol sur les rangs et en réduisant la fertilisation, ils s’affranchissent de ce problème, et observent la présence significative de syrphes et de coccinelles.

 

  • Agro-pastoralisme

Les 100 oies qu’ils achètent à un ou deux jours au printemps, et qu’ils élèvent jusqu’à la fin de l’année pour les fêtes, pâturent et fument les vergers sur deux parcours. Elles permettent notamment de maîtriser l’enherbement du verger et contribue à la fertilisation du sol, en complément de fumier composté et des engrais verts. Ainsi les oies permettent de stimuler l’activité biologique des sols.

Les oies sont soignées uniquement avec du vinaigre, pour lutter contre les parasites internes, dont la coccidiose.

Suite à des problèmes de prédation par des renards et des projets personnels, Frédéric et Muriel ne comptent pas reconstituer un cheptel d’oies cette année, mais aimeraient à l’avenir renouveler l’expérience avec des poules pondeuses et de chair, de race rustique. De plus, les poules ont une activité prédatrice plus importante, du fait qu’elles grattent le sol pour se nourrir des larves d’insectes qui s’y trouvent, tandis que les oies ont un rôle plus important dans le pâturage.

 

  • Gestion du sol et de l'eau

L’économie d’eau est un point important pour Frédéric et Muriel.

Afin de conduire les vergers en sec, ils veillent à ce que les conditions pédologiques soient les meilleures possibles et adaptées aux types d’arbres. Pour cela :

  • ils ont implanté les rangs d’arbres en travers de la pente pour éviter l’érosion du sol, permettre une pénétration plus lente de l’eau, et réduire le ruissellement dû à la pente
  • les espèces les moins exigeantes ont été plantées vers le haut (pêchers, vignes), là où le sol est plus léger, tandis que les plus exigeantes sont situées en bas. A mi-pente ont été plantés cerisiers et pruniers.
  • ils ont une petite source et utilisent l’eau du cours d’eau qui borde leur ferme pour irriguer les serres.

 

En plus de cet aménagement et ces pratiques bénéfiques pour le sol, Frédéric et Muriel vont plus loin en adoptant des techniques de léger travail du sol, voire de non-labour, afin d’améliorer la structure du sol, et son activité biologique. Ils ont expérimenté notamment la méthode « sandwich »1 qui consiste à passer le tracteur dans les inter-rangs enherbés et gratter superficiellement le sol autour des rangs (pas directement sur la ligne d’arbre), et permet notamment une meilleure structure du sol, et une amélioration de l’activité biologique (pour en savoir plus Enherbement permanent des vergers). Ils mettent en place des engrais verts (essentiellement à base de  féverole) sur les bandes travaillées, pour apporter des minéraux aux sols. Leur souhait serait d’étendre la méthode « sandwich »  à l’ensemble des vergers.

L’utilisation des engrais verts est étendue à certaines planches maraîchères. Les courges si elles ne sont pas plantées, sont alors semées directement dans l’engrais vert couché.

 

  • Enherbement permanent des vergers

Parallèlement à leur réflexion sur le fonctionnement du sol, l’enherbement spontané des vergers est permanent.  Il vise à augmenter la perméabilité des sols, à en améliorer la structure grâce à l’activité biologique du système racinaire des plantes, et attire prédateurs, parasitoïdes et pollinisateurs directement dans les vergers grâce à son enrichissement floristique.

 

 




Références

1 http://www.srva.ch/[...]

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