L’ananas Victoria, ou de son nom latin Ananas comosus, fait partie de la famille des Broméliacées. Fruit phare de l’île de La Réunion, cette variété est caractérisé par la présence d'une couronne de grandes feuilles charnues, parfois épineuses, et teintée de rouge. Le fruit, qui porte cette couronne, est de couleur jaune-or à maturité, avec un liseré vert pâle autour des « yeux » lorsque le fruit commence à mûrir ¹. La taille de la variété Victoria est l’une des plus petites parmi les autres variétés d’ananas. Sa chair est moins juteuse et sa consistance plus croquante, mais elle est néanmoins très appréciée par ses consommateurs en raison de son goût sucré et acidulé.

Originaire d’Amérique tropicale, cet ananas a été importé sur l’île dans les années 1980 dans le cadre d’un programme initié par les autorités, visant à diversifier une agriculture très dépendante de la canne à sucre ². Chaque année à La Réunion, environ 15 800 tonnes d'ananas de la variété Victoria sont produites sur plus de 400 ha, faisant de ce fruit la culture fruitière la plus importante de l’île en termes de valeur et de tonnages exportés ³. Le nord de l'île a longtemps été le berceau de la culture, mais la pression urbaine et l'appauvrissement des sols ont réduit les surfaces cultivées dans cette région. Aujourd'hui, les cultures sont réparties sur l'ensemble de l'île, le sud bénéficiant d'un bon ensoleillement et le nord-est de précipitations régulières. La diversité des conditions de culture et la maîtrise des différentes étapes techniques permettent de produire des ananas toute l'année, bien que la floraison naturelle entraîne un pic de production en décembre-janvier ⁴.

Cependant, la culture de cette variété est fortement artificialisée : elle nécessite des engrais chimiques pour les apports en azote et potassium, des traitements herbicides, et un travail intensif du sol ³. Pour atténuer les effets négatifs des engrais chimiques, l'ajout de matière organique peut aider à maintenir la fertilité du sol. La mise en place de jachères de légumineuses, sous forme de couverture végétale, offre également une protection du sol entre les cycles de culture d'ananas, réduisant ainsi l'érosion, le travail du sol et les traitements herbicides avant la plantation. ³.

La floraison de l’ananas survient généralement après 12 à 14 mois de croissance. Lorsque la plante est prête à fleurir, elle développe une tige florale au centre de sa rosette de feuilles. Cette tige porte de nombreuses petites fleurs hermaphrodites qui s'ouvrent successivement sur plusieurs semaines. Une fois la floraison terminée, les ovaires des fleurs se développent, se multiplient et fusionnent pour former la chair juteuse de l’ananas. Les bractées des fleurs fusionnées créent la peau du fruit, tandis que les "yeux" caractéristiques sur sa surface proviennent de la fusion des ovaires des différentes fleurs. Le fruit continue à mûrir, passant d'une couleur verte à jaune doré, signe de maturité. Ainsi, l’ananas est considéré comme un fruit composé, car il se forme à partir de la fusion de plusieurs fleurs, créant un seul fruit ⁵. La plantation de l'ananas se fait exclusivement par rejet, un mode de multiplication végétative similaire au bouturage. Il est donc crucial de veiller à ce que les rejets sélectionnés soient sains, car des maladies ou des carences peuvent sinon se transmettre à la nouvelle plantation ⁶.

Cette plante tropicale est sensible à différents facteurs climatiques : l’alimentation en eau, le rayonnement solaire, et la température ⁷. En effet, malgré son adaptation à la sécheresse, l’ananas réduit sa croissance lors d’un stress hydrique. La température quant à elle favorise le taux de sucre dans le fruit et diminue son acidité, et un rayonnement solaire trop intense peut induire l’apparition de « coups de soleil » sur le fruit, favorisant l’émergence de zones noirâtres sur l’ananas, ce qui a pour conséquence de le rentre moins commercialisable ⁸. Son système racinaire superficiel nécessite, pour la culture, un sol meuble, bien aéré, et bien drainé ⁶. L’ananas ayant un pouvoir d’enracinement et de développement racinaire assez mauvais, la préparation du sol est d’autant plus importante et la méthode doit être choisie en fonction du type de sol de la parcelle. Néanmoins, ce fruit est assez robuste et peut pousser jusqu'à 900 mètres d'altitude, avec un cycle de croissance pouvant aller jusqu'à 18 mois dans des zones plus fraîches en altitude et réduit à 12 mois dans des zones côtières plus chaudes ⁴. De plus, il prospère dans des sols acides, avec un pH conseillé entre 4.5 et 5.5, ce qui lui permet de s'adapter à la diversité des conditions pédoclimatiques des sols de La Réunion ⁴.