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Et si des surfaces dédiées à la biodiversité vous aidaient à maintenir votre rendement global ?

Date de publication 30/04/2020

Dans les zones de grandes cultures, consacrer 8% de la surface agricole à des bandes fleuries permet de maintenir le rendement global grâce à un meilleur service écologique

Richard Pywell et ses collègues du Centre anglais de recherche en écologie et hydrologie ont mis en évidence l'intérêt de l'intensification écologique dans les zones intensives de grandes cultures en consacrant 3 à 8% des surfaces des parcelles à la biodiversité au travers de semis de mélanges fleuris1.

La surface dédiée à supporter les services écologiques de pollinisation et de lutte biologique, n'entraîne au final pas de perte de rendement global et de marge brute sur une rotation de 5 ans grâce notamment à l'amélioration du rendement de la féverole par une meilleure pollinisation.

L'expérimentation a été menée au centre de l'Angleterre de 2005 à 2011 sur des sols calcaires avec une rotation dominante à base de blé tendre suivi d'un colza ou d'une féverole puis retour au blé et des grandes parcelles (10 à 20 ha).

 

3 comparaisons ont été menées :

  • La conduite actuelle

  • Un traitement où 3% des surfaces cultivées situées sur les bordures (6 m) ou dans les angles des parcelles at été semé avec un mélange de plantes

  • Un second traitement où 8% de la surface de la parcelle a été dédié à la biodiversité en bordure mais aussi au milieu des parcelles avec des patch de 0,5 ha. Le semis ne comprenait pas moins de 29 espèces capables d'assurer des ressources aux insectes auxiliaires.

 

Les rendements ont été mesurés précisément pour chaque parcelle et culture rapportés à la totalité de la surface du champ ou seulement la partie semée (déduit donc des surfaces de bandes fleuries). Ces rendements ont aussi été comparés aux rendements régionaux. Un rendement global de la rotation a été calculé sur la base de l'énergie contenue dans les grains (en Mj) et sur une base monétaire avec la marge brute.

Un inventaire des pollinisateurs (richesse et abondance) et des carabes a été réalisé.

 

Premier résultat : le rendement des cultures est en moyenne beaucoup plus faible sur les 9 m de bordures : de 10,1% sur le blé, 25,9% sur la féverole et 38,2% sur le colza.

Second résultat : sur la moyenne de 5 ans, il a été observé une augmentation des rendements sur les parties cultivées grâce à la mise en place de bandes fleuries, venant ainsi compenser la « perte » de surface. Le rendement moyen de la totalité des surfaces a donc été maintenu. Ces résultats sont obtenus principalement par une très forte augmentation des rendements de la féverole : +25% avec 3% de surfaces dédiées à la biodiversité et +35% si cette surface est portée à 8%.

Troisième résultat : il a fallu attendre la 4ème année pour voir les rendements croître sur la partie cultivée.

Quatrième résultat : l'augmentation des pollinisateurs et des prédateurs s'observe seulement quand 8% de la surface est dédiée à un mélange fleuri (3 fois plus de pollinisateurs et 2 fois plus de prédateurs).

 

Ces bons résultats sont imputables d'une part à une augmentation de la pollinisation de la féverole (notamment par les bourdons), un meilleur contrôle du ravageur du blé, le puceron des épis des céréales (Sitobion avenae) ou de la sitone du pois (Sitona lineatus) sur la féverole et le pois avec une réduction de 30%, et d'autre part à soustraire de la production la partie la moins productive du champ (la bordure) et ainsi économiser des intrants.

Pour diffuser et généraliser ces travaux, un important effort d'accompagnement doit être réalisé pour convaincre que dévouer une petite partie de sa culture à la biodiversité peut être gagnant. Un accompagnement technique est aussi nécessaire pour choisir les mélanges fleuris les plus appropriés et peut-être une aide financière car ces semences ont un coût non négligeable pour l'agriculteur, d'autant plus si le mélange fait appel à des semences d'origine locale.

Dans le débat sur le non traitement pesticide en bordure des habitations, ces expériences montrent que tout le monde pourrait être gagnant, l'agriculteur comme l'habitant.

N'hésitez pas à consulter aussi notre plateforme Osaé, pour Osez l'agroécologie ! (https://www.osez-agroecologie.org/) sur ces sujets.

 

Références

1 Wildlife friendly farming increases crop yield : evidence for ecological intensification. Proc R Soc Lond B Biol Sci 282: 20151740., Pywell RF, Heard MS, Woodcock BA, Hinsley S, Ridding L, Nowakowski M, Bullock JM. 2015., http://

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